Les révélations faites par Me Moussa Diop sur un présumé scandale portant sur des contrats miniers sont prises au sérieux par les autorités étatiques. D’où la mise en branle de la machine judiciaire contre ce candidat à la présidentielle de 2024 dont l’investiture s’est tenue, le week-end dernier…
La Présidentielle de 2024 approche à grands pas. Et c’est la saison des boules puantes. Chaque jour, ce sont des poubelles qui sont renversées et des égouts éventrés pour mettre le maximum d’odeurs pestilentielles dans la campagne. Comme qui dirait, à chaque jour suffisent ses révélations. La semaine dernière s’était ouverte avec une de taille. Le député Matar DIOP de la Majorité a accusé, lors du vote du budget du ministère du Pétrole et des Energies, Ousmane SONKO d’avoir encaissé des fonds de bailleurs intéressés par une remise en cause d’accords et de contrats pétroliers et gaziers.
L’affaire aurait pu rester dans les contours de l’hémicycle, tout comme l’article du très «sourcé» Canard Enchaîné s’il n’avait reçu l’amplification de voix audibles de la média-sphère sénégalaise que sont Cheikh Yérim SECK et Madiambal DIAGNE. Ce dernier confirme le député et y ajoute une couche personnelle : l’existence d’un courrier adressé par Ousmane SONKO him-self à Macky SALL pour bénéficier de la protection sécuritaire de l’Etat contre des créanciers qui voudraient lui faire la peau. Même son de cloche chez le premier qui pousse la précision jusqu’à avancer le chiffre rond de 20millions de dollars. Ce, tout en prenant le soin de livrer, en temps voulu, les noms des intermédiaires et des bénéficiaires de ces fonds présumés occultes.
Pendant que l’on en était à ergoter sur ces gros pavés dans la mare aux crocodiles, Me Moussa DIOP, ancien Dg de Dem Dikk, candidat déclaré à la Présidentielle, ouvre, à son tour les fosses. Et c’est pour accuser Macky SALL, son ministre Aly Ngouille NDIAYE et Jean-Claude Mimran, via son sherpa, Mamadou Diagna NDIAYE, d’avoir «dealé» sur du diamant, dans la zone nord du Sénégal. Très en verve, l’inénarrable Moussa Diop rajoute une pincée de piment dans la sauce. Il révèle, en effet, que la présidence de la République aurait passé commande de 120 palettes d’armes dont certaines ont été utilisées pour réprimer les émeutiers de juin. «La commande d’armes est arrivée le 23 octobre 2022,au Sénégal, à bord d’un bateau dénommé Lista en provenance de Saint Petersburg en Russie. Ces armes-là, vous les avez vues buter les gosses avec les nervis. Lors du débarquement des armes, il y a eu cinq remorques. J’ai le nom du transitaire ainsi que des différents chauffeurs avec leurs numéros de téléphone qui ont aidé à débarquer la marchandise. La lettre est là dans cette pile de documents que vous voyez», enfonce Me DIOP. Qui dit qu’il s’agit d’un teasing qui, en langage marketing, désigne un «procédé publicitaire qui cherche à éveiller la curiosité du public par l’emploi de teasers». Une manière, sans doute, de dire aux concernés qu’il en a dit moins que ce qu’il en sait et de les inviter à se tenir à carreaux.
Match nul entre les deux camps. La presse et la société civile se retrouvent, sans l’avoir cherché, dans un jeu de neutralisation réciproque.
Sommé par Madiambal DIAGNE de réagir sur la première affaire qui met en mal l’opposition dont il accuse, sans le dire, la société civile d’être proche et de défendre les causes, Birahime SECK de Transparency International, Section Sénégal, renvoie la balle au patron de Avenir Communication. «Madiambal DIAGNE, vous êtes un homme des médias, en plus d’être l’ami du président de la République Macky SALL. Vous devez être en mesure de nous édifier de l’exactitude ou non des faits rapportés par le député Matar DIOP», a riposté le Coordonnateur du Forum Civil sur son compte X.
Chez l’opposition, les révélations de Me Moussa Diop tombent comme un cadeau du ciel. Et certains thuriféraires de la bien-pensance des réseaux sociaux de se demander si la presse aura la même réactivité que quand il s’est agi de mouiller SONKO dans un océan de pétrodollars. «Pour des diambaleries et des CYSment Qataris (sic), un canard international a été enchaîné et des canards locaux déchaînés pendant une semaine. Espérons que ces mêmes canards seront déchaînés pour les diamants du Nord révélés par Me Moussa Diop», raille, sur sa page Facebook, Ousseynou Ly, plus connu sous le sobriquet Citizen, responsable PASTEF à la Médina. Alors, à ce jeu de «Je te tiens, tu me tiens par la barbichette» entre pouvoir et opposition, c’est le peuple électeur qui risque de se retrouver dans le rôle de dindon de la farce.
Lui qui est appelé à arbitrer un jeu dont il ne connaît et -probablement- ne connaîtra ni les tenants ni les aboutissants.
