Exploitation pétrole et gaz : “moins value ” de contenu local pour l’unité flottante d’exploitation : le FPSO…

En 1865 à Dakar, sur cette partie avancée de l’Atlantique dans une presqu’île luxuriante mais rustique

En 1865 à Dakar, sur cette partie avancée de l’Atlantique dans une presqu’île luxuriante mais rustique, le Gouverneur Pinet laprade inaugure le chenal donnant accès aux quais du Port dakar. Polytechnicien, Colonel de génie, P.  Laparade alors sous les ordres de sous prédécesseur Faidherbe initia le dragage sur les berges de Dakar  pour l’accès aux quais des navires en rade, dans le sillage apparaisse  les premiers ateliers  maritimes pour convertir les négriers en bateaux de marchandises pour transporter  la gomme arabique et les arachides vers l’occident.

Dakar, premier port en eau profonde de l’Afrique de l’Ouest depuis le 19eme siècle est au cœur de l’économie de traite sur tout l’hinterland permis par la pénétration du rail à l’intérieur du pays pacifié par Faidherbe jusqu’aux territoires lointains de l’Afrique de l’Ouest. Les ateliers mécaniques de Dakar qui évoluent en vrais chantiers navals avec l’intensité de l’activité portuaire attire l’expertise et le savoir-faire de la métropole qui installent sur les terres pleines du port de Dakar, des ateliers immenses de travaux et réparation maritime, c’est le début de l’aventure de Dakar Marine etc.. Entre-temps le port servit d’escale pour les bateaux de guerre de la première guerre mondiale et de la seconde avec les alliés.  

L’exploitation de nos hydrocarbures à partir  cette année sur les chantiers offshore de Sangomar et Grand Tortue  ne devait pas faire fi de cet héritage séculaire en chaudronnerie, tuyauterie   et ce savoir faire pour la conversation des pétroliers et méthaniers en unité flottante d’exploitation de pétrole et gaz ou floating production storage and offloading (FPSO). Cette unité flottante autonome  avec une installation complexe  de pré- traitement, de traitement  (dégazage, élimination des particules solides, de l’eau et des impuretés) puis de stockage du brut ou du gaz extraits constitue le cœur  de la nouvelle exploitation des hydrocarbures surtout en offshore profond. Les majors pétroliers et gaziers  sont dans l’optimisation des coûts ainsi les FPSO sont utilisés pour les  gisements marins éloignés des côtes, pour lesquels l’installation d’un pipeline les reliant à la terre aurait un coût trop élevé.

Justement ce pré – traitement puis traitement fait craindre le pire pour l’écosystème marin et aquatique surtout dans le cas de nos gisements à plus de 800 mètres de profondeur, et 3 000 mètres par rapport à la surface de l’eau.  

Le Sénégal avait toute latitude avec un peu de volonté politique  de relancer nos chantiers navals – ici sur l’Atlantique – en perte de vitesse face à la concurrence asiatique de la chine et la Corée qui ont l’avantage dans la conversion  en  FPSO.  Ces pays ne sont pas des pays pétroliers mais ont su développer une expertise navale compétitive dans les méga chantiers navals  grâce aux subventions  de leurs états.

Prés de nous l’Angola l’a expérimenté avec les installations Paenal qui parviennent à assurer 70% des unités mobiles  de production offshore pour les champs pétroliers et gaziers de total Energy dans ce pays; voici une belle déclinaison de contenu local en Afrique.

Sans écosystème endogène  et expertise locale, les infrastructures clé en main importées n’auront pas l’ancrage économique et technologique qui leur permet de profiter aux pays hôte et d’assurer leur productivité optimale car il y a pas de transfert de technologie et le recours aux technologies importées  est onéreuse. Aujourd’hui c’est le cas du TER et demain ce sera le cas du FPSO , il nous faut recourir à l’expertise et l’étoffer ; le densifier avec nos partenaires extérieurs . C’est la clé de la plus value d’une vraie politique de contenu local.   

D’ailleurs les majors pétroliers  via ces technologies complexes   siphonnent tous les revenus via des schémas  et calculs d’amortissement que nous ne maîtrisons pas, je ne vois pas la DGID et Petrosen défendre nos intérêts dans les contrats de partage de revenu sur les dix premières années avec les coûts exorbitants d’acquisition et d’exploitation du FPSO, c’est  de centaines de milliards qu’il faut amortir. On n’est ainsi pas mal partis faute de due diligence, de dimensionnement  et surtout  de moins value de contenu local.  C’est le cas actuel du Ghana avec le FPSO Kwameh Nkrumah de Tullow Oil.   

Les majors pétroliers ont une comptabilité analytique complexe  dont ils sont les seuls à détenir le secret.

Aujourd’hui l’importation des rames de Alsthom pour le TER nous rattrape, dans trois ans avec l’effet de l’usure précoce du FPSO sur  nos eaux et surtout des cours volatiles du pétrole et du gaz,  l’option d’un FPSO importe’ clé en main nous rattrapera.

Moustapha DIAKHATE

                                                                  Ex Conseiller PM

                                                                   Expert en infrastructure et énergie .

Rédacteur en Chef

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