Poursuites contre des Sénégalais de l’étranger : Le pari difficile d’Antoine DIOME…

Poursuites contre des Sénégalais de l’étranger : Engager des poursuites judiciaires contre des Sénégalais établis à l’étranger est la nouvelle bataille des autorités pour la pacification de l’espace public...

Engager des poursuites judiciaires contre des Sénégalais établis à l’étranger est la nouvelle bataille des autorités pour la pacification de l’espace public. Le ministre de l’intérieur, Antoine Félix Diome, qui les accuse d’inciter les jeunes aux manifestations, se heurte à plusieurs réalités.

Le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome envisage des poursuites contre des Sénégalais basés à l’étranger. S’exprimant, hier, sur les ondes de la Radio futur média (Rfm) M. Diome a justifié que ses compatriotes établis hors du pays incitent les jeunes à participer aux manifestations politico-judiciaires au Sénégal. «On a vu pour le déplorer des citoyens sénégalais vivant à l’étranger, assis dans un certain confort, derrière leurs claviers ou derrière leurs Smartphones, appeler les jeunes sénégalais à sortir dans la rue, à s’attaquer à des domiciles de certains responsables et même dès fois à envoyer de l’argent pour financer l’achat de carburant ou de produits inflammables», a indiqué le ministre de l’Intérieur. Antoine Félix Diome ajoute que l’Etat a pris toutes les dispositions pour saisir les pays d’accueil de ces Sénégalais dans le but de signaler les messages qu’ils ont envoyés au Sénégal et leur contenu.

 «Nous demanderons à ces gouvernements d’initier des poursuites contre eux», affirme Antoine Félix Diome. «Un pari difficile», selon Jean Charles Biagui, spécialiste des relations internationales. Interrogé par WalfQuotidien, cet enseignant-chercheur à l’Ucad estime que le fait de saisir des pays où sont établis des Sénégalais pour des «infractions pénales» serait une mauvaise publicité pour le Sénégal. «Si le ministre les accuse de commettre des délits, il faudra le prouver. Il n’y a pas plus banal, dans les pays occidentaux, de s’exprimer sur les réseaux sociaux. Si ces personnes n’étaient pas dans la légalité, elles n’allaient pas apparaitre sur ces différents canaux», explique-t-il.

Selon lui, cette procédure risque de tomber à l’eau. L’enseignant chercheur précise que si les personnes mises en cause sont détentrices de nationalités de leur pays d’accueil, il sera très compliqué de les attraire en justice.

«Les manifestations ont des dynamiques internes. Ce n’est pas téléguidé de l’étranger. C’est un manque de culture politique et une mauvaise analyse de la situation internationale. Les pays étrangers commencent à s’intéresser à ce qui se passe au Sénégal. C’est une banalité de prendre part à des manifestations mêmes violentes dans les pays étrangers», laisse-t-il entendre. Dans son argumentaire, Jean Charles Biagui souligne que l’annonce du ministre de l’Intérieur est «dangereuse». 

«Il veut montrer que ces gens participent à une activité criminelle. Les gens connaissaient bien le contexte. Ces individus ne peuvent pas demander à brûler des pays. Ce sont des appels à la résistance», explique-t-il.

«Il donne une crédibilité aux Ong étrangères»

La seule voie qui s’offre à Antoine Félix Diome, fait savoir Dr Jean Charles Biagui, c’est de lier les activités de ses concitoyens de la diaspora au terrorisme. Dans ce cas, analyse M. Biagui, l’autorité pourrait obtenir gain de cause en assistant à leur rapatriement qui ne serait possible que si M. Diome parvient à démonter les activités criminelles transnationales de ces Sénégalais. Ce qui ne sera pas aussi facile. «Ce n’est pas comme le Cas Assane Diouf (activiste) qui ne serait pas régulier aux Usa. Il était très facile de le rapatrier», dit-il. «Cette annonce est un des signes de faiblesse de l’Etat. Le ministre risque de montrer à la face du monde que le Sénégal est à côté de la démocratie.

Il donne une crédibilité aux Ong étrangères qui dénoncent le recul démocratique de notre pays», conclut-il.

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