MACKY SALL-OUSMANE SONKO : Un «tiokki fin» redouté…

Le message à la Nation du chef de l’Etat, Macky Sall, renonçant à une dangereuse troisième candidature à la présidentielle 2024 sonne comme un ouf de soulagement au Sénégal. La démocratie et la paix sociale, en équilibre précaire depuis maintenant plus de deux ans après que certains cercles tapis dans les lambris dorés du pouvoir ont eu la malencontreuse idée de tenter d’écarter de la course présidentielle le principal challenger du régime sont cependant toujours plus que jamais menacées. Autant le président Macky Sall dans les colonnes du quotidien « Le Monde » le 08 juillet qu’Ousmane Sonko à travers France 24 le jeudi 06 juillet, les discours musclés de ces deux principaux protagonistes du champ politique laissent présager un nouveau Mortal Kombat. Un « Tiokki fin » redouté…

En effet, les discours entendus, aussi bien dans le camp présidentiel que dans celui de l’opposition dite radicale, laissent encore présager de lendemains difficiles pour ne pas dire sombres pour notre jeune nation. Un « tiokki fin » redouté surtoutsi Sonko est jeté en prison en application de la peine de 2 ans de prison qui lui a été infligée dans l’affaire l’opposant à Adji Sarr. L’exécution en gestation de cette décision priverait alors le leader de Pastef d’une candidature à la présidentielle de 2024. Ce que Ousmane Sonko et ses partisans ne vont pas accepter.

Violences présidentielles

Aussi bien dans son discours de renonciation à une troisième candidature et son interview au quotidien « Le Monde » du samedi 08 juillet que dans ceux qui l’ont précédé, le chef de l’Etat, Macky Sall, n’a jamais dérogé à sa volonté d’user d’une main de fer pour instaurer la paix « politique » et mater cette jeunesse impertinente voire malsaine qui l’avait surpris dans la rue en mars 2021. Des émeutes qui lui sont toujours restées en travers de la gorge.

Le samedi 01er juillet 2023, en recevant un collectif de maires et de présidents de conseils départementaux pétitionnaires (512 élus sur les 601 que compte le pays) pour un « sondage » sur la troisième candidature, le président de la République, Macky Sall, les a exhortés à défendre leurs localités contre les casseurs et pilleurs venus d’autres contrées “Ne laissez pas les gens semer le désordre chez vous” les a-t-il encouragés. Une déclaration dangereuse et inadmissible dans un Etat de droit où la sécurité des biens et des personnes est du ressort exclusif des forces de sécurité et de défense. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, dans ce qu’il croit mordicus être “une machination insurrectionnelle aux antipodes des valeurs démocratiques et qui visait à s’emparer du pouvoir par la violence et détruire notre modèle de société”, Macky Sall a assuré, d’ici la transmission du pouvoir au futur président de la République le 2 avril 2024, d’assumer “avec responsabilité et fermeté” toutes les charges qui incombent à sa fonction notamment “consacrer toutes ses forces à défendre, sans failles, les institutions constitutionnelles de la République, le respect des décisions de justice, l’intégrité du territoire, la protection des personnes et des biens”.

Et en insistant sur le respect des décisions de justice, le chef de l’Etat, sans pour autant le citer nommément, faisait clairement allusion au chef de file de l’opposition sénégalaise, Ousmane Sonko, patron des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la formation (Pastef), objet d’une condamnation par contumace de 2 ans d’emprisonnement ferme pour “corruption de la jeunesse” dans la controversée affaire dite “Sweet Beauty” où il était poursuivi pour les délits criminels de “viols et menaces de mort”. Avant même l’énoncé de cette sentence prononcée le 1er juin 2023, Ousmane Sonko a été intercepté le dimanche 28 mai 2023 aux alentours de Koungheul par les forces de sécurité et de défense alors qu’il exécutait sa “caravane de la liberté” en route pour Dakar. Et depuis, il est assigné en “résidence surveillée” dans son domicile sis cité Keur Gorgui de Dakar.

Dans une interview au quotidien « Le Monde » du 08 juillet, Macky Sall ne craint pas destroubles à l’ordre public occasionnés par une arrestation du leader de Pastef. « Non, je ne crains rien ! Je dirige un pays, je ne me focalise pas sur un débat de personne. Si quelqu’un doit être arrêté, il doit l’être » a martelé fermement le président Macky Sall.

Appel au soulèvement de Sonko

Du côté de l’opposition radicale aussi, le discours dit de résistance comporte des germes notoires de violence. Dans un message diffusé en direct sur ses propres plateformes de puisson domicile « militarisé » de la cité Keur Gorgui à Sacré Cœur III à Dakar , la veille du message du discours historique de Macky Sall, le patron de Pastef, après avoir dénoncé les conséquences sur lui et son devenir politique de ce qu’il appelle le “deal” du Dialogue national organisé par le pouvoir, a invité la population à se lever pour résister. Un appel à la résistance comme celui de mars 2021 et en juin 2023, pour mettre fin au pouvoir de Macky Sall. “Préparez-vous en conséquence. Chacun de nous doit dépasser la barrière psychologique de la peur. Si Macky veut la paix, il l’aura, sinon il ne nous laissera pas le choix” a déclaré Ousmane Sonko dans l’optique de son arrestation…programmée.

Convaincu que “jamais dans l’histoire politique du Sénégal notre pays n’a connu autant de violences et d’injustice que sous le magistère de Macky Sall durant ces douze ans”, le leader de Pastef Ousmane Sonko qui dit rester de marbre devant “toutes les intimidations, persécutions et brutalités” dont a usées le régime en son encontre, affiche toute sa détermination à être de la course à l’élection présidentielle du 25 février 2024 malgré son attachement aux valeurs de tolérance, de générosité, de bonté, de partage. «Qu’il soit candidat ou pas, comprenez qu’il s’agit d’un deal, d’un complot fomenté lors des concertations : faire en sorte que je ne sois pas candidat. (…) Doit-on accepter ce complot contre le projet ? Au nom de quoi, doit-on accepter cela ?», s’est-il demandé convaincu que le seul objectif de Macky Sall est d’empêcher sa candidature en 2024. “Ce combat, ce n’est plus celui de Ousmane Sonko, mais un combat de principe qui interpelle des millions de personnes. Devons-nous accepter, à quelques encablures de la victoire finale, de céder, après tant d’années de sacrifices ? Non. Dans ce cas, nous aurons trahi la mémoire des martyrs», a poursuivi Ousmane Sonko en demandant l’organisation de manifestations sur l’ensemble du territoire national pour exiger la libération des détenus politiques.

Juste après le discours à la Nation (03 juillet) du président Macky Sall déclarant qu’i n’allait pas se représenter en 2024, Ousmane Sonko a profité du plateau de France 24 le jeudi 06 juillet pour hausser le ton et surtout prédire le chaos dans notre pays si jamais sa candidature est bloquée. « Le président Macky Sall a dit à certains qu’il empêchera vaille que vaille ma candidature parce que c’est lui la République, c’est lui la justice, c’est lui le Conseil constitutionnel, c’est à lui de dire qui va être candidat et qui ne va pas l’être. Je puis vous assurer qu’il n’y aura pas d’élection dans ce pays ou alors ce
sera dans un chaos indescriptible si par des combines judiciaires, le président Macky Sall voudrait empêcher ma candidature » a indiqué le président Sonko à France 24 Les mêmes germes de violence sont aussi notés dans les discours des partisans de Ousmane Sonko. Dernier en date, le président du groupe parlementaire de Yewwi Askan Wi (Yaw), Birame Soulève Diop qui,lors de la conférence de presse de ladite coalition tenue le mardi 04 juillet 2024, a eu des propos dégradants envers le Président Macky Sall contre qui il met en garde les potentiels candidats de Benno Book Yakaar (Bby) d’éviter de partager ses repas au risque de subir le même sort que l’ancien candidat de la majorité présidentielle ivoirienne, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly mort d’un malaise le 8 juillet 2020 et remettant en selle son mentor Alassane Ouattara pour une troisième candidature dont il avait préalablement renoncée. Une déclaration dangereuse, irresponsable et inadmissible dans une République même si
l’auteur a présenté par la suite des excuses publiques sur son compte officiel.

Vers un report de la présidentielle de 2024

Autant le dire ici et maintenant,si les deux camps qui se regardent toujours en chiens de faïence campent sur leurs positions respectives, il est fort à craindre que nous allions irrémédiablement vers un nouveau cycle de violences pour ne pas dire le chaos. En fait, la renonciation à la troisième candidature de Macky Sall a tout simplement différé la finalité du « Mortal Kombat » qui semble de plus en plus inévitable et inéluctable. Ce au vu de la position ferme des uns et des autres sur les conditions de la tenue prochaine du scrutin du 25 février 2024. Le camp du pouvoir n’entend pas organiser une élection avec la participation de son principal challenger, Ousmane Sonko, dont certains sondages donneraient largement vainqueur.

Et le camp de l’opposition radicale, incarnée justement par le même Ousmane Sonko, a fait de cette participation au scrutin présidentiel une question de vie ou de mort. Conséquences, le pays risque de sombrer de nouveau dans le chaos et une organisation de l’élection présidentielle dans ce contexte reste pour le moins hypothétique et incertaine. Le danger guette toujours notre pays et l’affichage, au Palais de justice, de la décision de condamnation de Ousmane Sonko dans l’affaire « Sweet Beauty », n’augure rien de bon pour la suite des évènements. Il urge que les différents protagonistes se fassent violence en acceptant de s’asseoir autour d’une table et de trouver les voies et moyens de restaurer définitivement la paix sociale.

En effet, il est inconcevable que parce qu’ils ont pris part à unDialogue dit national que des délinquants à col blanc, prévaricateurs avérés de nos maigres deniers publics, puissent être réhabilités alors qu’un autre citoyen, à part égale, dont le tort originel est… d’empêcher le chef de dormir soit sacrifié et rendu inéligible sous le prétexte fallacieux qu’il n’a pas répondu à l’invitation au dialogue. Pour ce qu’on en sait, un dialogue national prend en compte les préoccupations de tous les acteurs, présents ou pas,surtout que dans le cas d’espèce,sa vocation première est de fédérer toutes les forces vives autour de l’essentiel pour l’intérêt supérieur de la nation.

Rédacteur en Chef

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