Présidentielle 2024 : Boune abdallah Dionne, un outsider qui pourrait créer la surprise…

Politique : Confronte a l’un des exercices les plus complique exercices depuis son accession au pouvoir, le président Macky Sall est appelé à choisir son successeur...

Un choix d’autant plus difficile qu’il dispose de plusieurs pro- fils remplissant les critères pour poursuivre son legs. Parmi eux, il y en a un et pas des moindres eu égard à ses qualités d’homme d’État et sa complicité de longue date avec le président de la République, en l’occurrence Mahammad Boun Abdallah Dionne. Un favori qui, malgré son retrait du devant de la scène depuis quelques années, plus précisément depuis qu’il a été limogé de la Primature est cité de plus en plus comme étant la botte secrète du président Sall. Re- tour sur le parcours très riche d’un grand cadre doublé d’un excellent politique et revue de ses chances et limites.

A sept mois de la présidentielle, le président Macky Sall, qui n’est pas candidat à sa propre succession, devrait être entrain de préparer sereinement le passage du témoin à son successeur, en mettant notamment à jour les dossiers qu’il lui transmettra en mars 2024. Et en ayant à cœur de lui transmettre un pays en ordre de marche mais surtout dans en bonne situation financière et aussi en sécurité. Hélas, plutôt que de pouvoir se concentrer sur les grands dossiers de l’Etat, le voilà réduit à de- voir choisir le candidat de son parti à la prochaine présidentielle, celui qui devrait réussir le miracle d’éviter que le pouvoir échappe à l’APR et plus généralement à la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY) pour tomber entre des mains ennemies.

Le choix qu’il fera sera donc risqué car de sa pertinence ou de son manque d’équité dépendra la cohésion ou l’implosion de sa majorité. Toujours est-il que, même si pour le moment personne ne connaît le futur candidat de BBY ou de l’APR à la présidentielle de février prochain les noms comme ceux de Amadou Ba, Abdoulaye Daouda Diallo, Aly Ngouille Ndiaye sont avancés avec le plus d’insistance.

Mais attention ! Avec le président Sall, qui nous a habitués à des feintes, un quatrième larron peut toujours sortir de sa manche et déjouer tous les pronostics. C’est pourquoi un ponte comme Boun Abdallah Dionne dont le nom avait été cité ces derniers jours pourrait bien constituer la botte secrète du Chef pour poursuivre son œuvre. Examinons donc le parcours très riche, les chances de ce très proche et fidèle collaborateur du chef de l’État dont on pensait pourtant qu’il avait pris sa retraite politique après avoir fui les feux de la rampe depuis son départ du gouvernement, mais également les obstacles qui peuvent plaider en sa défaveur.

Macky/ Boun Abdallah : du « mbourou ak soow » très sucré…

Lorsque idrissa SECK parler de mbourou ak soow » pour magnifier ses bonnes relations avec le président Macky Sall après leurs re- trouvailles, il avait oublié d’y rajouter du sucre ou du lait « Gloria » pour relever le goût. Pour l’avoir omis, leur compagnonnage n’a pas résisté longtemps. Ce même si, en réalité, la rupture entre les deux hommes est en trompe-l’oeil. En tout cas, ce « Gloria » pour- rait bien s’appeler Mahammad Boun Abdallah

Dionne. Le compagnonnage entre l’actuel président de la République et son ex-Premier ministre est ancien. Sans remonter trop loin, il convient de rappeler qu’en 2005 Macky Sall, alors Premier ministre du président Wade, avait porté son choix sur le natif de Gossas pour en faire son directeur de cabinet de la Primature jusqu’en 2007. Satisfait par le travail qu’il a abattu à cette « station », il le reconduit aux mêmes fonctions à l’Assemblée nationale lorsqu’il fut élu président de la deuxième institution de la République. Une fonction que Macky Sall a quitté l’année d’après à la suite de l’épisode qui l’a opposé au président Wade et qui a précipité son départ de l’hémicycle. Par la suite, le technocrate de haut niveau migre à l’ONUDI à Vienne puis à Alger. Ce mi- lieu international, Dionne le maîtrise très bien pour l’avoir intégré dès 1983 alors qu’il venait de débuter sa carrière professionnelle.

Il fut tour à tour ingénieur technico-commercial à la compagnie IBM en France en 1983, fondé de pouvoirs de la BCEAO à partir de 1986 puis dé- taché auprès du gouvernement sénégalais après une année d’exercice. Un retour au pays qui lui a permis d’occuper les fonctions de Di- recteur de l’industrie puis de Chef du Bureau Économique du Sénégal à Paris. Alors que son patron, Macky Sall, éjecté du perchoir de l’Assemblée nationale, s’attelait à mettre en place un parti politique, l’APR (Alliance Pour la République), le technocrate Boun Abdallah Dionne, on l’a dit, rejoint l’ONUDI en 2011 comme re- présentant en République d’Algérie et plus tard coordonnateur de la Coopération industrielle Sud-Sud à Vienne puis Chef de l’ONUDI pour l’Afrique et les pays les moins avancés. Une expérience professionnelle de plus dont tout dirigeant souhaiterait bénéficier.

Un technocrate à l’épreuve du milieu politique…

L’année 2014 constitue le début d’une nouvelle forme de compagnonnage entre Macky Sall et Boun Abdallah Dione. Après deux ans à la tête de l’État du Sénégal, le nouveau président de la République lance son fameux Plan Sénégal Émergent.

Pour le suivi de son appli- cation, il fait appel à un homme expérimenté et avec qui il a longtemps cheminé. Ainsi a dé- buté un nouveau challenge pour l’homme né le 25 septembre 1959 à Gossas. Il est nommé ministre en charge du suivi de la mise en œuvre du PSE, le 13 mars 2014. Un poste qu’il n’occupera que durant quatre mois seule- ment mais à la satisfaction du Chef. A preuve

il est promu Premier ministre le 16 juillet 2014  en remplacement de Mme Aminata Touré. Un fauteuil de Premier ministre qu’il va occuper jusqu’en mai 2019. Près que cinq années, une longévité sous le président Macky Sall ! Durant cette période, il a fait montre de loyauté, d’abnégation, de compétence, de loyauté, d’endurance, tout en étant effacé et en faisant profil bas pour ne pas gêner son patron. N’est-ce pas lui qui, alors que Thierno Alassane Sall, alors ministre de l’Energie, avait refusé de signer un contrat d’exploitation du pétrole et du gaz avec Total, s’est empressé de parapher ce document pour éviter de mettre le président Macky Sall dans une situation embarrassante alors que le Pdg de la multinationale pétrolière française, à la tête d’une im- portante délégation, était déjà à Dakar ?

Au plan politique, le technocrate Mahammad Boun Abdallah Dionne a appris et vite au point de jouer les premiers rôles au sein du parti présidentiel. En 2017, il est récompensé de sa loyauté et de son engagement lors des législatives de 2017. Contre toute attente, il conduit la liste de la grande coalition BBY lors de ces élections. Il en fait un défi, s’éloigne des bureaux climatisés pour découvrir le Sénégal des profondeurs pendant la campagne électorale. Il s’aventure jusque dans les hameaux les plus perdus, partage les repas des paysans, avale de la poussière, crapahute dans les pistes latéritiques ou sablonneuses, déambule sous des chaleurs d’étuve. Le Sénégal découvre une autre facette de l’homme lorsque, gal- vanisé par une foule de militants, il esquisse des pas de danse bien de chez nous lors d’un meeting. Dans ses prises de parole, la tête de liste de BBY met en exergue les réalisations du président de la République et parvient au bout du compte à remporter 125 députés sur 165. Une victoire pas loin d’être à la soviétique un paradoxe pour l’ancien trotskiste ! qui permet à son mentor de contrôler avec une majorité mécanique l’Assemblée nationale. Dès lors, Mahammad Boun Abdallah Dionne devient un cheval qui gagne. Une monture que, par conséquent, il n’est pas sûr de changer.

Il a été également l’un des artisans de la victoire de son mentor à la présidentielle de 2019. Macky Sall obtient 58 des suffrages exprimés et est donc réélu dès le premier tour du scrutin. Après cet itinéraire jalonné de succès, alors que tout le monde s’attendait à ce que Mahammad Dionne soit reconduit dans ses fonctions de Premier ministre, le chef de l’État décide à la surprise générale de supprimer la poste premier minister. Mahaammad Bun Abdalah DION, qui a des annuis de santé, disparaît des radars.

Il effectue plusieurs missions de consultance sur le plan international avant d’être nommé en avril dernier président du conseil d’administration de la BICIS (banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal).

politique, le manque de roublardise, l’incapacité de « tuer » des adversaires…

Depuis l’annonce de la non candidature du président de la République de ne pas briguer un troisième mandat, les ambitions jusque-là tues se déchaînent. Et tout le monde prédit l’éclatement du parti présidentiel en cas de mauvais choix du président Macky Sall. Le « mauvais » choix étant celui de l’autre, tous les candidats se voyant dans la posture du successeur au Chef. Dans la situation très confuse actuelle, tout choix sera contesté.

Tout de même, pour amoindrir les risques d’un éclatement de sa coalition, le président devra désigner une personnalité ayant des qualités d’homme d’État, une parfaite connaissance des dossiers administratifs, charismatique, capable de fédérer, expérimentée. Sur ce plan, les hommes au sein de l’APR ne manquent pas même si choisir c’est éliminer et toute préférence peut susciter des contestations. C’est en cela que Boun Abdallah Dione garde ses chances intactes de devenir l’homme de la situation. En ce sens qu’en plus de ces atouts, on peut lui accorder une longueur d’avance grâce à son passage dans les institutions internationales, à la Primature (tout comme Amadou Ba) mais également sa maîtrise des grands dossiers de l’État. A cela, il convient d’ajouter qu’a été un homme de terrain au plan politique pour avoir été tête de liste aux législatives et directeur de campagne aux dernières élections présidentielles. Last but not least, depuis son départ du gouvernement, l’ex-chef de l’administration sénégalaise a été d’une discrétion absolue contrairement aux autres potentiels candidats qui s’affrontent à distance alors que l’heure des combats n’a pas encore sonné.

Toutefois, force est de reconnaitre que dans un contexte où il est question de la conserva- tion du pouvoir jusqu’à l’horizon 2035, comme souhaité par le président de la Répu- blique, le fait de ne pas avoir une base poli- tique solide comme Abdoulaye Daouda Diallo par exemple pourrait constituer un obstacle pour Boun Abdallah. Autre handicap, le brillant technocrate manque de charisme en politique. De plus, il n’est ni cynique ni un « tueur » et n’est pas roublard comme la plupart de nos techniciens. Il n’est pas démagogue non plus.

Un handicap auquel pourraient se greffer les défiances bran- dies au chef de l’État, les risques de voir les alliés quitter la maison beige marron pour aller aux élections sous leur propre ban- nière, les signes de frustration qui font jour et surtout les guerres d’ambition qui se ma- nifestent de plus en plus. Des handicaps qui pourraient cependant constituer autant d’atouts pour cet homme qui n’est pas du sérail politique ou politicien


Rédacteur en Chef

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