Pelé inégalable dans sa mort

Moins d’une heure après l’annonce de sa mort, “le nom de Pelé avait été cité dans 567 millions de posts sur Twitter, Facebook et Instagram”, provenant de “113 pays du monde”, relève O Globo“Il n’y a pas de sujet dont on parle plus dans le monde en ce moment.”

Chefs d’État, supporteurs, célébrités, footballeurs, instances sportives… Tout le monde pleurait jeudi le joueur légendaire, le “pionnier du beau jeu” qui a “révolutionné le football, sur le terrain et en dehors”, et qui restera “l’un des plus grands sportifs de tous les temps”, écrit The Daily Maverick. Dans la presse internationale, on rivalisait d’adjectifs, de tournures choisies et de superlatifs pour tenter d’embrasser la vie et l’œuvre d’Edson Arantes do Nascimento – même si, comme le remarque avec humour El Mundo, “résumer en quelques lignes la figure de Pelé, c’est comme vouloir faire entrer l’Amazonie dans un pot de fleurs”.

 Pour Die Zeit, les “quatre lettres” du nom Pelé “sonnent comme l’art le plus élevé du football. Ils évoquent les souvenirs d’un football imprévisible, délicat, caressé, dribblé, irrésistible et spectaculaire”. Et d’ajouter : “Ah, Pelé ! Le mot à lui seul rappelle un style particulier, le jogo bonito, le beau jeu, que l’on ne reverra jamais comme ça.”

La “mythologie” Pelé

“Pelé était le nom d’un rêve, le nom d’un dieu”, renchérit La Repubblica.

 “Il avait une voix de contrebasse, profonde et caverneuse”, émanant d’un corps à première vue “peu impressionnant” – 1,73 mètre pour à peine 75 kilos. Mais c’était “une illusion d’optique”, affirme le titre, car le physique de Pelé était en réalité d’une “perfection absolue : des jambes hypertrophiées et une puissance dans chaque geste, alliées à une agilité et un équilibre sublimes. Quelque chose d’explosif et d’élastique.”

De la longue liste des exploits du joueur, El País se souvient “avec précision de ce but marqué de la tête avec lequel il ouvrit le score” contre l’Italie lors de la finale de la coupe du monde, quand il a remporté son troisième titre mondial, au Mexique (1970). “Un moment gravé dans la mémoire collective comme l’expression parfaite d’un football beau, efficace et irrévérencieux.”

La fascination du monde entier pour “l’astre brésilien” est d’autant plus extraordinaire que “peu d’entre nous l’ont vu jouer”, observe El Comercio : une partie importante de sa carrière s’est en effet déroulée avant l’avènement des retransmissions télévisées. Mais “nous l’avons inventé dans nos mémoires”,s’émerveille le journal péruvien.

The Indian Express insiste d’ailleurs sur l’importance de ces années non télévisées dans la création de la “mythologie” Pelé : “comme la plupart des mythes, les histoires sur sa grandeur ont été transmises de génération en génération, à travers la parole et l’expression des émotions”.

“Personnalité globale”

Mais pour Clarín, c’est bel et bien quand la télévision s’est installée dans les stades, et que le monde entier a pu voir Pelé danser avec son ballon, que le joueur est devenu “le symbole suprême du football spectacle”.

“Entre la fin des années 1950 et des années 1960, qui ont marqué ‘son’ époque, le football et le sport sont devenus une industrie médiatique, explique le titre argentin. Et grâce à ses qualités personnelles et ses exploits sportifs, Pelé a été le premier joueur à se transformer en personnalité globale.”

De nombreux journaux soulignent aussi comment Pelé est devenu, aux yeux du monde, l’incarnation du Brésil moderne. “On peut difficilement surestimer l’importance du lien entre l’homme et le pays, un lien presque aussi fort à sa mort qu’il ne l’était à la grande époque, quand Pelé était l’une des personnes les plus célèbres du monde”, écrit The New York Times“Pour un pays qui cherchait encore à imposer sa marque dans les années d’après-guerre, l’arrivée de Pelé a marqué l’entrée dans l’âge adulte.”

Séparer l’homme et le joueur

Cela n’a pas empêché le champion d’avoir une relation compliquée avec son pays, souligne le journaliste sportif brésilien Marcus Alves dans The Daily Telegraph. Certes, “le Brésil est tombé amoureux de Pelé”, mais Edson Arantes do Nascimento “s’est avéré plus difficile à aimer”.

Le journaliste évoque la proximité du champion avec tous les pouvoirs en place – même sous la dictature militaire –, “son incapacité à affronter le racisme dans son propre pays” ou encore son refus obstiné de reconnaître sa fille biologique. “Vouloir lui faire porter les habits d’homme d’État, de militant, d’humanitaire et de plus grand joueur du monde était peut-être un fardeau trop lourd pour un seul homme”, conclut-il.

Pelé lui-même prenait soin de séparer l’homme et le joueur, rappelle El Universal. Après avoir raccroché les crampons, il avait même pris l’habitude de parler de Pelé à la troisième personne, comme dans cette phrase restée célèbre : “Pelé est une chose à part, c’est une chose de Dieu. C’est comme en musique : des bons pianistes, il y en a 500 mais Beethoven est unique. »

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