Surchauffe pré- électorale , investissement  et croissance à deux chiffres…

Surchauffe pré- électorale , investissement  et croissance à deux chiffres. Le Sénégal pour une première fois dans son histoire attend un taux de croissance projetée à 10,1% avec le coup de pouce de la production des hydrocarbures cette année…

Le Sénégal pour une première fois dans son histoire attend un taux de croissance projetée à 10,1% avec le coup de pouce de la production des hydrocarbures cette année . Pour les experts de  bretton Woods la croissance du PIB était estimée à  6,1% en 2021, soit trois points de plus que la moyenne de la sous région – une résilience certaine de l’économie du pays –  plaçant ainsi l’économie sénégalaise sur une trajectoire de croissance similaire à ce qu’elle était avant la pandémie. L’inflation a pu être contenue autour de 2,2%.

Avec la crise du Covid-19, la croissance était à 4,4% en 2019 avant de plonger à 1,5% en 2020.  Le fameux Fond Force Covid 19 – l’indice de réponse globale au COVID-19 de Foreign Policy – fut la bouée de sauvetage, son déploiement rapide et massif  a permis d’éviter la famine  et surtout d’assurer une riposte sanitaire d’envergure. Pour renforcer et bâtir sur cette résilience socio- économique le pays ne peut plus repousser les réformes structurelles pour renforcer sa gouvernance  publique et ses filets de transparence afin de gagner la faveur des gros financeurs  internationaux dans un contexte de  compétition avec tout le reste de l’Afrique y compris l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Maroc, la Côte d’ivoire, pour l’investissement direct étranger (IDE).

Le Sénégal s’en tire plutôt mieux avec une augmentation notable de 21 % des  IDE  qui ont atteint 2,2 milliards de dollars, plus de 1 500 milliards de Fcfa en 2021 . Le pays a enregistré une hausse de 27 % des projets d’investissements nouveaux annoncés selon la CNUCED . Dans le sillage de tout le continent qui accueille  dorénavant  5,2 % des IDE mondiaux soit 81 milliards de dollars US en 2021  contre 4,1 % en  du total mondial en 2020.

Hélas tous ces IDE sont dirigés pour 60% dans les mines, le pétrole et le gaz comme  pour conforter l’Afrique dans cette division international du travail qui nous relègue aux rangs de pourvoyeur de matières premières et produits de base. Les investisseurs internationaux ne voient pas toujours cette énorme masse de classe moyenne sur le continent gourmande en produits de consommation finis et semi-finis et pourtant  l’Afrique est l’ultime frontière de la consommation mondiale avec bientôt 1 milliard 600 millions hbts. 

Les IDE pour un pays sont un benchmark, dans un pays comme le Senegal 165éme économie mondiale, les IDE donnent le capital nécessaire aux nouveaux projets structurants, facilitent le transfert de technologie et le progrès technique, tendent à augmenter les exportations et la compétitivité, incitent à l’adoption de procédures managériales par les firmes locales, stimulent l’emploi et par conséquent accélèrent la croissance économique. Notre pays n’a pas un fond d’épargne conséquent, les IDE suppléent à l’effort domestique d’investissement nécessaire pour l’emploi et la  création de richesse.

Aujourd’hui il est admis que l’instabilité politique ou le risque politique sont un frein majeur et infranchissable pour le déploiement de l’investissement direct étranger dans un pays. Les conséquences politiques de l’instabilité sont classées en trois catégories : la stabilité du gouvernement, l’agitation sociale et populaire et la violence politique.

Aux yeux des partenaires étrangers du Sénégal, l’instabilité  qui correspond aux mouvements sociaux tels que les grèves, les manifestations  violentes  ou les émeutes constituent un motif suffisant de remise en cause voire de delai  de leur décision d’investissement dans un contexte où la paix, la stabilité et  la visibilité à moyen terme ne sont pas garantis.

Un climat politique en surchauffe  est associé à des mauvaises performances  économiques, il  accentue de surcroît le risque systémique d’un pays. Comme quoi au Sénégal, l’étau des échéances présidentielles de 2024 entame déjà nos espoirs d’une croissance à deux chiffres. L’indice d’instabilité politique devient inquiétant, il est par conséquent urgent  de se ressaisir aujourd’hui .  Demain risque d’être trop tard.

                                                                  Moustapha DIAKHATE

                                                                  Expert et Consultant Infrast.

Rédacteur en Chef

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Next Post

Bonne tenue du Daaka de Madina Gounass : Les gages de l’Etat à la famille du Khalife...

sam Fév 25 , 2023
Bonne tenue du Daaka de Madina Gounass : Les gages de l’Etat à la famille du Khalife.Le gouvernement ne lésinera pas sur les moyens pour la réussite de la prochaine édition du Daaka de Madina Gounass... Le gouvernement ne lésinera pas sur les moyens pour la réussite de la prochaine […]

Dans la même rubrique