L’immaturité du bassin chez ces mamans adolescentes ne facilite pas parfois un accouchement normal…

Les conséquences gynécologiques des grossesses précoces sont surtout liées à l’immaturité du bassin dont les capacités ne permettent pas un accouchement normal lié à la taille de l’enfant chez les mamans adolescentes. Dr Khalifa Ababacar Guèye du service de gynécologie de l’hôpital de Pikine revient sur les complications et les zones comme Matam, Thiadiaye et Pikine où les cas sont plus fréquents...

Enfants et déjà mères, le gynécologue Dr Khalifa Ababacar Guèye les classent en trois catégories. Ce sont les mamans adolescentes qui ont contracté une grossesse suite à un mariage précoce et ou forcé,
celles qui ont eu une grossesse précoce désirée ou non désirée et celles qui ont eu une grossesse précoce suite à un viol. Les complications sont surtout liées à l’immaturité de leurs organes notamment le bassin et le système immunitaire. D’abord pour celles qui ont un mariage précoce et forcé, elles rencontrent une complication du bassin en plus des risques liés à la pré éclampsie. Avec sur l’immaturité du bassin, les capacités ne permettent pas un accouchement normal lié à la taille de l’enfant. Le 2e cas, c’est-à-dire les grossesses non désirées, en plus des complications que rencontre la maman forcée à se marier un peu très tôt, il y a le problème de suivi et de déclaration. Ce qui retarde le suivi et augmente les risques sur l’enfant et la mère. Le 3e c’est une grossesse non désirée suite à un viol ou inceste avec un individu parfois non identifié ou identifié mais menaçant parce qu’étant un parent de la victime ou
son cousin. Dans ces cas, il y a le plus souvent un lien familial avec la fille. Ou alors un linge sale où acteurs et auteurs préférent le laver en famille. Ce qui présente un cas particulier de l’acceptation de la grossesse et de l’enfant à naitre. Dr Guèye explique.

«C’est surtout la pré-éclampsie sévère avec des crises pour les jeunes filles de moins de 25 ans. L’autre problème est lié à l’immaturité de leur bassin qui finit sa maturité à l’âge de 21 ans. Ce type de jeunes filles est plus exposé à la dystocie, à un accouchement difficile et sur qui on applique parfois la ventouse ou la césarienne. Parce que la fille est incapable d’accoucher par voie basse».

La césarienne justement, c’est un point en commun chez les mamans adolescentes. Elle a aussi ses conditions avec un retentissement sur les prochaines grossesses. Pas de grossesse rapprochée. C’est la première règle. «Parce qu’il y a toujours des risques liés à cette pratique. On demande de limiter à 4 ou 5 césariennes même s’il n’y a aucun document scientifique qui atteste qu’on ne doit pas dépasser 4
césariennes», a-t-il indiqué.

L’autre type de petites mamans, ce sont celles-là qui ont eu une grossesse précoce hors mariage, désirée ou non désirée. «C’est une grossesse qui souffre d’un retard de suivi parce qu’on ne savait pas que la fille était enceinte. Ce sont en général des grossesses qui apparaissent tardivement. Leurs mamans peuvent être en travail et venir à l’hôpital sans carnet. Parce qu’elles ont camouflé la grossesse avec des habitudes vestimentaires surtout si elles avaient l’habitude de porter des habits amples à moins que la bonne ou son enseignant la soupçonne et s’en ouvre à la famille».

Dr Gueye dit avoir vécu l’expérience. Et c’est surtout, dit-il, «un manque de suivi qui expose la maman adolescente et son enfant. Or, le bilan prénatal est très important pour tenir compte des maladies latentes. Mais si la maman n’a pas respecté cette étape de la grossesse, elle expose l’enfant et on ne pourra pas prendre des mesures préventives». Ici, le géniteur peut refuser. Ce qui, selon le scientifique, peut alourdir les risques. Lesquels sont beaucoup plus complexes quand il s’agit d’une fille violée. «Pour les cas de viol, c’est beaucoup plus compliqué.

Parfois on n’a pas les traces de suivi du violeur, si c’est un viol accidentel, si ce n’est pas un cas d’inceste. Dans les cas d’inceste, la jeune fille est sous menace permanente. On a deux cas où on a récupéré les filles. Des cas où le papa est en même temps grand père». Et c’est là où le danger est préoccupant car dépendant du « rétablissement de la maman». Sur ce point, il affirme que «l’enfant peut constituer la mauvaise cicatrice de cette expérience douloureuse». Laquelle influe sur la psychologie de la maman en général, et surtout la maman ado. « Ce sont les psychoses puerpérales. Un trouble grave qui survient le plus souvent dans la semaine qui suit l’accouchement. Une femme qui accouche et qui subitement devient absente. Qui dit que ce n’est pas son enfant.

Elle refuse de le mettre au sein. Là, on garde l’enfant le temps d’un traitement. C’est après rétablissement, surtout quand elle même demande son enfant, qu’on le lui donne. Il y a également le «Baby blues» et la dépression post-partum». En faisant ce diagnostic, il souligne que le retentissement psychologique est parfois très difficile à cerner malgré la psychothérapie de soutien. «Les complications psychologiques sont très difficiles à évaluer. Elle peut se dire, cet enfant-là, «je vais le tuer». Tu auras beau discuter, elle va se vider mais parfois à moitié malgré nos séances de tête à tête avec elle.

Surtout quand l’enfant est issu d’un inceste. On a eu un cas où son père est le grand père de sa fille. Pour ce cas, on l’a récupérée et confiée à un couple qui l’a adopté. La fille perd tout contact avec son
enfant. Il y a une procédure et des papiers à signer. Il y a un service social de l’hôpital et le
ministère de la Santé qui gèrent parfois ces cas. A Liberté 6, il y a également un centre d’accueil
coiffé par le ministère en charge de la Famille». Pour l’adoption, il y a des critères. Il faut que le
couple ait cette envie d’adopter un enfant, qu’il soit un couple stérile certifié avec un certain
niveau de vie. Les grossesses jeunes, on les rencontre plus dans la zone de Matam où en plus de
l’immaturité du bassin, il y a l’excision. «A Matam, on avait même commencé une étude sur ces grossesses.

Il y a un système de protection des enfants victimes de mariage précoce et forcé. On est allé jusqu’à brandir une injustice pour régler une injustice. On menace les parents en faisant parfois une descente dans la famille avec un policier et un suivi régulier jusqu’à ce que l’enfant atteigne un certain âge». Mais les cultures étant différentes, les grossesses précoces en milieu Hal Pular en sont un peu différentes de celles rencontrées chez les Sérères et en banlieue dakaroise. «C’est différent de ce qu’on rencontre à Thiadiaye où le mariage précoce n’est pas accompagné de l’excision. A Dakar, comme à Pikine, c’est parfois des cas de grossesses non désirées.

C’est lié surtout à la promiscuité, à la forte démographie en banlieue. On rencontre beaucoup de casici à Pikine comme partout dans certaines localités en milieu urbain «. Le gynécologue de l’Hopital a ainsi fait état de ces grossesses chez ces trois types de mamans jeunes. Des cas qui font foison et qui malheureusement n’atterrissent pas tous à l’hôpital. Premier signe d’alerte, ce sont surtout la baisse des performances scolaires avec la déconcentration, l’absentéisme, les notes qui dégringolent alertant l’enseignant, quand il s’agit d’une brillante élève. Dans ce cas, l’enseignant essaie de discuter avec elle
avant de convoquer les parents qui les accompagnent pour une confirmation ou un suivi médical.

Rédacteur en Chef

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