L’urbanisation non maitrisée et non planifiée dans le cœur de DAKAR, l’amenuisement de l’espace urbain disponible ont fait émerger des problématiques de mobilité urbaine comme jamais la capitale du Sénégal n’en a vécu même avec les travaux de l’ANOCI qui avaient plus d’envergure spatiale que les travaux actuels du BRT et autoponts. Osons le dire franchement les dakarois souffrent le martyr à bord de leur voiture et dans les bus.
Le GRAND DAKAR qui polarise l’agglomération sur le littoral c’est 4% du territoire national pour 40% de la population sénégalaise, presque 60% de l’activité économique du pays y est concentré, le secteur marchand et tertiaire qui génèrent l’essentiel de la productivité physique réside dans ce bout de territoire fenêtre sur l’Atlantique. C’est l’hypertrophie démographique et spatiale.
L’essor et l’attractivité de DAKAR à bien accru les flux de mouvement et la densité de la population dans les quartiers au sein de la capitale. DAKAR est de plus en plus congestionné, les transports saturés et se déplacer en heure de pointe peut s’apparenter à un véritable parcours du combattant.
Améliorer et transformer la mobilité au cœur de notre ville pour qu’elle reste attractive et accommodante afin d’assurer confort et qualité de vie à ses habitants est urgent. Les dakarois étouffent dans leur ville qui est sensée assurer un confort de vie existentiel et harmonieux. Plus de plage publique malgré les promesses du nouveau maire de réclamer nos plages privatisées, d’aménager parc public, terrain de sport ou d’ériger bibliothèques. Nous vivons entassés dans du béton – en vertical – comme les villes ouvrières d’Europe du 18eme siècle. Ou est notre Baron Haussmann, celui qui restructura Paris pour en faire la ville des lumières qu’elle est devenue.
Les embouteillages faisaient perdre à l’économie 100 milliards de FCFA par an, revoyons cette perte à la hausse avec tous les travaux confortatifs de mobilité sont engagés simultanément dans le cœur de Dakar et sur les axes menant aux proches et lointaines banlieues. Il est urgent de mettre en œuvre de nouvelles solutions de mobilité orientées vers le transport de masse, cependant leur mise en œuvre semble engendrer énormément d’inconfort, de perte de temps et de nuisance qu’il se pose même – à mon avis – une question de droit du citoyen tout court.
Et pourtant les citoyens qui sont les usagers ont bien un rôle à jouer dans cette transition qui doit intégrer de nouveaux modes de déplacements qui assurent fluidité et rapidité du trafic routier et l’introduction de bus et train sur des voies dédiées. Les solutions durables et compatibles à l’augmentation de la population dans les centres urbains, les solutions de mobilité partagées comme les transports en commun sont nécessaires, c’est les défis d’une urbanisation galopante dans un territoire comme Dakar qui a beaucoup de contraintes spatiales.
Ceux qui ont en charge l’ordonnancement, le suivi et l’exécution des travaux dans la capitale doivent impérativement maîtriser les calendriers d’exécution et faciliter – voire sécuriser- la circulation autour des sites de travaux. Le cheminement des piétons ainsi que les accès aux lieux publics et entrées d’immeubles ou maisons doivent être assurés aux moyens d’une signalétique claire et des aménagements adéquats. Malheureusement rien de cela n’est observé ici à Dakar, même les services techniques de la ville de Dakar, les riverains, les services techniques de la préfecture, les professionnels des transports semblent mis sur la touche.
Le pilotage et l’exécution des travaux dans nos pays ne se font pas selon les normes et standards internationaux. Dans les agglomérations comme New York, Paris, et Sao Paulo des travaux de plus grande envergure s’y déroulent sans aucun inconfort – même pas de vent de poussière – pour les riverains. Il est urgent de revoir la maîtrise d’ouvrage urbaine au SENEGAL et d’en faire une démarche collaborative et participative. Dakar dépasse l’AGEROUTE et les services du ministère des transports, en effet nos villes se complexifient d’où l’urgence de synergies avec tous les acteurs et parties prenantes dans le respect des droits des citoyens ainsi nous aurons une maîtrise d’ouvrage collaborative et participative.
Nous avons nos majors du BTP qui ont fait leurs preuves partout – ici et dans la sous-région – en les écartant des grands travaux du pays, assurons-nous au moins que nous choisissons les meilleurs de l’extérieur pour une exécution normative et réglementaire des chantiers car c’est l’argent public qui est ainsi engagé.
Moustapha DIAKHATÉ
Consultant et Expert en Infrastructure
Ex Conseiller Spécial PM