Opinion : Ressources et finances publiques : le « bouclier Cour des comptes »

L’Agence de régulations des marchés publics (ARMP), l’Inspection générale des finances (IGF), l’Inspection générale d’Etat(IGE)

L’Agence de régulations des marchés publics (ARMP), l’Inspection générale des finances (IGF), l’Inspection générale d’Etat(IGE), le Contrôle financier et l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption(OFNAC), de toutes ces institutions de contrôle et supervision a priori et postériori des ressources et finances du Sénégal, seule la juridiction financière qu’est la Cour des comptes semble garder de sa pertinence et les 180 pages du rapport sur les 700 milliards du fonds spécial de riposte sur la Covid 19 sont la preuve que nos magistrats financiers gardent leurs tranchants.

Les deniers publics, les fonds des bailleurs, la contribution des Sénégalais dans le fond Covid 19 ont été détournés via une surfacturation systématique et un favoritisme abusif dans les passations des marchés et contrats sans l’observance d’aucune règle et d’aucun principe, telle une administration bananière.    

L’audit de la Cour des comptes sur les  dépenses faites en 2020 et 2021 à partir du « Fonds de riposte contre les effets du Covid-19 », rigoureusement  objectivé selon une démarche claire, exigeante et contradictoire n’envie en rien – du point de vue méthodologique – aux rapports des grands cabinets d’évaluation comptable  à travers le monde. Chapeau bas à la Cour des Comptes qui montre qu’il subsiste encore au sein de l’Etat des îlots   d’excellence et d’expertise, de rigueur et d’indépendance qui peuvent être demain des socles pour redresser le pays et remettre le secteur public sur les bons rails. La Cour des comptes est le seul bouclier qui nous reste.  

L’ARMP – pourtant gendarme des marchés publics – n’a pas permis aux entreprises sénégalaises d’augmenter leurs parts de marché dans les chantiers d’infrastructures ni aux PME et PMI locales d’accéder à la commande publique. Son directeur – un équilibriste habile – dont le mandat a expiré depuis, en a fait un instrument de légitimation de l’OPA des étrangers sur les grands travaux de ce pays au détriment de nos champions nationaux de BTP qui se consolent de la sous – traitante et la location d’engins.

L’Inspection générale des finances et l’inspection générale d’Etat sont tenues au respect pour les politiques au gré des desiderata du régime en place au point que la perception de l’opinion sur ces deux institutions s’est beaucoup dépréciée. La très prestigieuse IGE voit dorénavant ses rapports ranger dans les tiroirs sans qu’aucune suite ne leur soit réservée. L’objectif est la prescription des délits comptables financiers.

Quant à l’OFNAC, elle est déjà désuète et impotente  depuis le limogeage  inélégant de la très rigoureuse et charismatique inspectrice générale d’Etat  N.Ngom KEITA à sa tête ; elle est devenue une institution aux missions redondantes, sans empreinte ni influence dans la lutte contre la corruption et la fraude dans le pays.  

C’est dans ce contexte qu’il faut saluer le travail de la Cour des comptes; l’institution parvient à s’acquitter de sa mission dans un contexte politico- institutionnel qui lui est  très défavorable. Ils ont pris leur courage à deux mains et leurs recommandations ne devraient pas tomber dans la sourde oreille des autorités.  

A l’aune du pétrole et du gaz, il est souhaitable que le champ d’audit et de supervision de la Cour des comptes soit étendu à nos ressources offshore; en effet, les niveaux de prévarication, de concussion et de détournement  soulignés par la Cour des comptes montrent que nous avons trop de failles, brèches et de mauvaises pratiques pour une comptabilité transparente de la future manne pétrolière et gazière.  

Espérons que le « bouclier Cour des comptes » demeure solide et étanche pour nous superviser et auditer nos ressources gazières et pétrolières dans un pays où les comptables publics et personnalités politiques sont couverts de la chape d’impunité.

                                                                       Moustapha DIAKHATE

                                                                       Ex Cons. Spec. Primature

                                                                       Expert et Consultant Infrastructures  

Rédacteur en Chef

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