Risque d’implosion au sein de l’APR…

Après les élections législatives, le peuple sénégalais tend une oreille très attentive du côté du Palais de la République et de l’Assemblée nationale pour la formation du prochain gouvernement et du bureau de l’hémicycle. Mais dans un contexte politique marqué par une situation très compliquée, la publication de ces deux équipes ne sera pas sans conséquences pour le camp présidentiel qui risque d’aller tout droit vers une implosion…

La semaine passée, le président de la grande coalition BBY et chef de l’État, Macky Sall, a convoqué au Palais de la République tous les députés de son camp nouvellement élus pour leur demander de retrousser les manches et de se tenir prêts pour poursuivre le combat politique. Aussi, il les a suppliés surtout de se conformer au choix des membres du prochain bureau de l’Assemblée nationale qu’il va proposer. C’est la première fois que Macky Sall fait appel à «ses» députés pour leur parler de cette manière. Cette nouvelle posture du Chef en dit long sur son autorité qui s’effrite de plus en plus au point de perdre plus de douze heures d’horloge pour requinquer les futurs parlementaires de sa coalition. On est vraiment loin du temps où la seule agitation de sa houlette suffisait pour les remettre dans le groupe comme le ferait le berger conduisant son troupeau. C’est parce que le contexte politique a radicalement changé. Le vent ne semble plus souffler à sa faveur comme l’ont prouvé les résultats sortis des urnes aux municipales et législatives coïncidant avec la polémique sur une éventuelle candidature présidentielle qui est loin de s’estomper. Des localités où la victoire était acquise d’avance leur ont tourné le dos si elles n’ont pas choisi le camp de l’opposition. La majorité mécanique dont ilsse glorifiaient s’est mue à celle qualifiée rendue possible par des négociations tous azimuts. C’est conscient de tous ces facteurs que le président Sall est obligé de mettre de l’eau dans son vin pour calmer les esprits et surtout, gagné par la peur, de convaincre ceux qui seraient tentés de se rebeller contre ses choix. Une rébellion à laquelle il pourrait également être confronté dès l’annonce de son équipe gouvernementale.

Le 12 septembre, une date où tout peut basculer…

La date retenue pour la mise en place du bureau de l’Assemblée nationale est le 12 septembre prochain. Contrairement à l’installation du celui de la 13e législature, cette fois-ci, le doute peut être permis de voir la liste proposée par le Palais de la République passer comme lettre à la poste. Ceci tient du fait que des députés de la mouvance présidentielle, pour s’opposer au choix de certains à leur détriment, pourraient tout simplement exprimer leur désapprobation qui se traduirait par le refus de voter des lois à la faveur du parti au pouvoir. Cette forme de rébellion qui ne dit pas son nom est plus probable pour le poste du futur président de la deuxième institution de notre République. Donc penser une seule fois que le futursuccesseur de Moustapha Niasse sera du groupe parlementaire de Benno Book Yakaar relève d’une illusion. Ce poste tant convoité, eu égard à sa position stratégique au plan politique, (deuxième personna-
lité de l’État) l’est aussi de parses avantages au plan pécuniaire puisqu’en plus du salaire très élevé, son occupant bénéficie également d’une caisse noire dont le montant peut vous faire sursauter. Il y a aussi le fait que du haut de son perchoir, il lui est loisible de prendre certaines décisions selon le bon vouloir du camp auquel il appartient. C’est compte tenu de tous ces atouts qu’il constituera la grande bataille entre le pouvoir et l’opposition. Mais c’est plus pour le camp présidentiel que sa perte pourrait être lourde de conséquences. Et si on n’y prend garde, ce cas de figure très probable peut se présenter. Déjà, le président Macky Sall se trouve devant une situation à plusieurs inconnus puisque pas moins de quatre potentiels candidats s’offrent à lui. Et quel que soit celui qui est choisi, les autres pourront reverser leurs voix à son concurrent issu de l’opposition et demander aux députés avec qui ils ont déjà planifié leur plan de suivre leurs pas. Donc il fauts’attendre à de probables votes sanction qui peuvent être fatals à BBY. L’autre raison qui peut expliquer la perte de ce poste, combien important, est liée aux démarches en sourdine que l’op-
position est en train de mener pour pêcher des voix du côté de la mouvance présidentielle. Dans notre édition du jeudi 26 août, un large dossier sur des manœuvrestrès avancées que l’ex- maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, est en train de mener pour affaiblir le camp d’en face en essayant de convaincre certains de leurs parlementaires à leur faire allégeance. D’ailleurs, lors de l’audience au Palais avec les députés, d’aucuns n’ont pas manqué de signifier au Chef de l’État que des tentatives de débauchage sont déployés par des leaders de Yewi. Ont-ils répondu favorables à ces mains tendues? Aussi, le leader de BBY a de quoi être frileux le jour du vote car celui-ci étantsecret, rien ne peut lui garantir si ses partisans vont
suivre ses instructions (Pardon ! ses prières) pour faire élire la personne désignée pour le remplacer en cas de vacance du pouvoir. Donc, seul le dépouillage des urnes peut nous édifier. Mais dorénavant, le doute reste de mise en attendant de savoir ce que va nous réserver la date fatidique du 12 septembre prochain.

La formation du gouvernement, l’autre épine sous le pied de Macky Sall

Comme le poste du futur président de l’Assemblée nationale, la formation de la prochaine équipe gouvernementale risque d’être source de plusieurs polémiques et de frustrations au sein de Benno Book Yakaar. Déjà, la tournure desrésultatslégislatifsfait penser que beaucoup deministres ne verront pas leurs noms figurer sur la liste quisera publiée. De ce fait, deux choix s’offrent à eux. Ou bien accepter la décision du Chef de l’État de ne pas les reconduire et au nom de la discipline de parti continuer de l’accompagner ou alors démissionner de l’APR et de la coalition BBY. Et dans ce cas, il sera fort probable qu’ils aillent agrandir le rang de l’opposition dans le dessein de continuer à exister politiquement et/ou sauver leur peau des éventuels poursuites au cas où le pouvoir change de mains. Si une telle saignée se produit, c’est le parti présidentiel qui en serait le grand perdant dans un contexte où un seul militant de moins enfoncera davantage le bateau, déjà au bord du naufrage, dans les eaux profondes. Cette situation à laquelle le seul
commandant du navire APR ne dispose, ni en terme de temps encore moins de solutions, pour s’échapper se profile à l’horizon et risque de lui coûter très cher.

Il en sera le seul et unique responsable, trahi qu’il est par ses maladresses répétées. Au finish, les dernières élections ont révélé que la plupart des cadres du parti ont été incapables de tenir tête à la montée en puissance de l’opposition. Et mieux, en plus de conserver ses zones conquises, elle a réussi à renverser la tendance dans d’autres qui ne lui étaient pas favorables en moins de six mois seulement. Une remontada rendue plus facile par cette série de transhumances dont les auteurs ont été sanctionnés par le peuple qui, dorénavant, a donné un signal fort à tous ceux qui seraient tentés de s’y aventurer. Donc le président de la République n’a d’autres choix que de «punir» les perdants et de récompenser les vainqueurs. C’est son droit. Mais qu’il permette aussi aux mécontents, au nom du même droit, de prendre les décisions qu’ils jugent être les meilleures.

Et selon nos informations, une vague de colère commence à secouer les grilles du Palais née des choix très contestés ayant même occasionné des divisions au sein du parti. Aussi, à quelques jours de la publication de la liste du gouvernement, des noms ont fuité et font l’objet de menaces de démission que le chef, essayant de trouver la meilleure formule pour limiter les dégâts, prend très au sérieux. Dans cette foulée, le choix du Premier ministre n’échappe pas à la polémique. Parmi les quatre noms qui étaient cités comme de potentiels candidats à savoir Abdoulaye Daouda Diallo, Aly Ngouille Ndiaye, Aminata Touré est venu s’ajouter celui d’Idrissa Seck. D’après nos sources, parmi ces cinq, ce dernier est le plus contesté pour des raisons liées au fait qu’il est un allié de la dernière heure et en plus, il n’a jamais pu gagner dans sa base naturelle depuis son compagnonnage avec le président Sall. Par conséquent, si son nom est confirmé pour devenir le prochain chef du gouvernement, cela ne manquera pas de créer des remous qu’évidemment la
réalité politique peut accepter. Et concernant les quatre autres, quel que soit celui sur qui le choix du présidentsera porté, les contestations pourraientsurgir à tout moment avec leurs lots de conséquences toujours contre le camp présidentiel. A quelques jours de l’annonce du prochain gouvernement et de la liste proposées pour le bureau de l’Assemblée nationale, le chef de l’État continue de cogiter pour trouver la meilleure solution qui fera éviter à son parti d’éclater en lambeaux.

L’exercice est difficile et les chances de s’en sortir indemne limitées. A moins qu’il n’use de son génie politique qu’on lui a souvent prêté, nousrisquons d’assister à une implosion de son parti comme un «sabar bou tass». C’est-à-dire, une séance de tamtam nocturne où, à la fin, tout le monde entre en même temps en
scène pour danser à sa manière, installant un désordre total. Signe avant-coureur de son aboutissement.

Temoin

Rédacteur en Chef

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