«Le bruit constitue un élément important dans une démocratie…»

Le sociologue Djiby Diakhaté cite Montesquieu qui parle ainsi dans «L’esprit des lois» pour, dit-il, montrer que l’opposition n’est pas contre le pouvoir, mais qu’elle est un contre-pouvoir. De son avis, on ne peut pas parler de démocratie sans bruit. Mais qu’on l’exprime autour des idées pour le développement du pays.

Après son «premier Bercy» réussi, Ousmane Sonko annonce un «nouveau concert» de casseroles et de klaxons, aujourd’hui à partir de 20 heures jusqu’à 20 h30. Au lieu de 10 minutes, cette fois-ci, ce sera 30 minutes de bruit pour dénoncer les dérives du régime de Macky Sall. Une nouvelle forme de lutte bien appréciée au Sénégal où presque toutes les manifestations de l’opposition, particulièrement de la coalition Yewwi-Wallu, sont souvent réprimées. Si elles ne sont tout bonnement interdites comme ce fut le cas hier sur toute l’étendue du pays.

Interdite donc de manifester sur une place ou itinéraire de leur choix au niveau national, l’opposition a choisi de changer de stratégie pour faire du «bruit» partout au Sénégal. «C’est bien», a approuvé le sociologue Djiby Diakhaté. Le spécialiste des faits de société dit croire que «lorsque nous sommes dans une démocratie, nous devons accepter le bruit. On ne peut pas parler de démocratie sans bruit

La dernière fois qu’on a parlé de concert de casseroles je dis que c’est très bien. Parce que dans une démocratie, le bruit constitue un élément important». Mais pas n’importe comment ! M. Diakhaté considère que le bruit doit s’exprimer autour des idées. «C’est cela qui est l’enjeu», dit-il. De son avis, «l’idée c’est que nous avons un parti politique qui arrive au pouvoir et qui gouverne.

Mais nous avons aussi une opposition qui constitue une chance pour une société. En réalité, s’il n’y a pas d’opposition, c’est une catastrophe pour le pays. Tout ce qui possède un pouvoir est naturellement tenté d’en abuser. C’est Montesquieu qui parle comme ça dans L’esprit des lois. Et pour éviter les abus de pouvoir, dit-il, il faut éviter de donner tous les pouvoirs à un seul homme. D’où le principe de la séparation et de l’autonomie des pouvoirs». En outre, il explique que, lorsque l’opposition existe, elle n’est «pas contre le pouvoir», elle est «un contrepouvoir». «Contre-pouvoir ne signifie pas contre le pouvoir.

Contre-pouvoir signifie, faire en sorte qu’il y ait un dispositif qui permet de faire en sorte que les dérapages ne se produisent pas au niveau du pouvoir. Que le pouvoir essaie de répondre le plus possible aux aspirations du peuple. Mais l’opposition, elle aussi, a le devoir de présenter un programme alternatif. Ça doit se jouer essentiellement au niveau des idées». C’est pour dire que «la démocratie est un régime de liberté. Un régime qui permet aux uns et aux autres de s’exprimer. S’il n’y a plus une liberté d’expression, il n’y a plus de démocratie.

Il faut que les gens s’expriment. Mais il faut que les gens s’expriment pour mettre en avant des idées et non pour des invectives, des menaces ou des injures. Si on le fait, on sort de la démocratie. Donc, libérer les énergies, libérer l’expression et que les gens s’expriment autour des idées et de programmes», a conseillé le sociologue. Djiby Diakhaté qui demande aux politiques d’orienter leurs programmes surtout vers le développement du pays.

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