Informatique de l’état et e-gouvernement : la bruyante  « usine à gaz »

Le Sénégal compte plus de 15,2 millions de lignes de téléphonie mobile en 2017, aujourd’hui selon l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes, aujourd’hui avec le phénomène du multi-sims  on peut recenser plus de 20. 050 000 d’usager mobiles actifs au Sénégal. Un phénomène démographique  inouï.

En 2021 année charnière pour l’opérateur historique, la barre des  10 millions de clients actifs  a été franchie, le réseau mobile  et le réseau  fibre terrestre performants   font que notre pays est prêt pour une transformation numérique .

Malheureusement  selon  l’EGDI ( E-Government Development Index 2022 ) des Nations Unies,   qui jauge, mesure puis classe les pays selon la dématérialisation de procédures administratives clés, la maturité numérique de l’état et  la gouvernance électronique (e Gouv) de l’administration notre pays occupe la 143eme sur 193 pays, le Cap vert occupe le peloton de tête en Afrique bien qu’à la 110eme place mondiale, même la côte d’ivoire fait mieux se consolant de la 139eme place.  Au regard des investissements lourds consentis pour l’infrastructure de télécommunications de l’état il y’a lieu de s’inquiéter et un audit et contrôle la cour des comptes serait une très bonne chose dans les arcanes de l’informatique de l’état. Les performances sont trop médiocres, le Cap vert avec seulement  1/10 de nos ressources allouées au secteur  caracole en tête des meilleurs de la classe dans le monde.

En vérité il n’y aucun chantier d’envergure que l’informatique de l’État a réussi dans notre pays depuis son érection en agence et aujourd’hui en société nationale.

Dans la dématérialisation des procédures administratives dans un pays ou la  qualité de réseaux de télécommunications est parmi les meilleures dans le monde, le permis de construire – teledac est un flop – l’inscription à l’IPRES, l’obtention d’un bulletin de naissance, le certificat de nationalité, la déclaration d’impôt, le passeport et la carte d’identité , l’inscription aux écoles et universités , etc… demeure des procédures manuelles de bout en bout.

Nos terminaux portables ne nous servent absolument en rien dans un pays ou l’informatique de l’état est dans des méga- chantiers qui  n’aboutissent jamais, et touchent rarement le cœur des préoccupations  du contribuable sénégalais.

A Thiès le Président de la République  fut  surpris d’entendre qu’un chantier de lycée pouvait prendre plus de 10 ans au Sénégal. Ou est un système national de suivi – évaluation de l’action publique que l’ADIE devait être en mesure d’implémenter et de mettre en œuvre pour l’administration.  Où en sommes-nous avec l’e-médecine pour interconnecter les CHU – centre hospitalo- universitaire –  du monde avec les nouveaux établissements hospitaliers flambant neuf dans les départements du pays au moment où les médecins formées à l’UCAD migrent en Europe pour de meilleurs salaires et conditions de travail.  Dans le top management de l’informatique de l’état tout semble être dans le fétichisme de la communication au point que la première startup de l’état, la machine innovante au profit de l’administration est devenue une bruyante usine à gaz. De la comm que de la comm……..

 Aujourd’hui l’administration est sans armes pour un monde du big-data et des méta data  hors ces phénomènes vont fondamentalement changer le delivery  de l’état dans les toutes prochaines années. Le cloud est déjà en œuvre dans le cœur informationnel  des administrations modernes ;  malheureusement nous y sommes trop loin au Sénégal faute d’une informatique d’état dont le top management n’a ni le niveau ni la vision.

Ou est la capacité de bande passante  excédentaire que l’informatique de l’etat se toisait ? Ne s’improvise opérateur qui veut …. Combien d’abonnements orange existent encore dans les services de l’administration ?

 Prétendument nous avons des serveurs mais les fuites de documents administratifs, le recours à yahoo, gmail, whattsapp qui  regorgent  de  données confidentielles et sensibles sur l’état du Sénégal.  Même une messagerie ergonomique  et cryptée est absente dans ce pays  d’où l’incident à l’ARTP avec les cyber-pirates.

Toute l’informatique de notre pays est sans bouclier, sans défense alors que les états modernes protègent leur système informatique et de télécommunication comme ils protègent leurs frontières car c’est un aspect essentiel de notre souveraineté. Dans un état moderne les données sont aussi importantes que les mines d’or et le bassin sédimentaire.  Les datacenters , infrastructures incontournables pour assurer la souveraineté numérique  définissent les nouvelles capacités d’un pays  et déterminent ses frontières.

Dans ce sillage notre système d’éducation et de  formation surtout avec d’éminents universitaires comme le Professeur Marie T. Niane qui à l’UFR de maths appliquées et Informatique à l’UGB a formé  de très brillants professionnels qui font notre fierté , certains eux travaillent pour la crème du secteur : les GAFAM .  Partout en Afrique – anglophone, francophone et lusophone –  le Sénégal est présent par la qualité de son capital humain, l’intelligence artificielle qui drive l’innovation sur le continent  ne peut se passer des compétences sénégalaises.  

Ainsi pense t’ on même dans notre contexte  à des synergies entre l’informatique de l’état, l’école polytechnique de Thiès, l’institut des maths de la petit cote et bien sur Petrosen trading  à mettre en place une plateforme de trading de petrole et gaz dans notre pays pour anticiper sur nos ressources en hydrocarbures et leur valorisations sur le marché international …… Les plateformes de trading – le négoce –  agrègent les compétences mathématiques et en informatique. Le Professeur M.Teuw Niane était bien à sa place à PETROSEN. En attendant, osons au moins  mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut.

Moustapha DIAKHATE

                                                                                                 Expert et Consultant en Infrastructure   

                                                                                                            Ex Conseiller PM

                                                                                                 Membre fondateur RESTIC

Rédacteur en Chef

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