ZIGUINCHOR : Ousmane SONKO lève un coin du voile sur les audits qu’il a commandités

Ousmane Sonko est déterminé à faire une évaluation globale de la gestion de son prédécesseur à la
tête de la commune de Ziguinchor. Il a levé, ce jeudi, un coin du voile sur les audits qu’il a commandités
pour faire l’état des lieux au niveau de l’institution dont il vient d’hériter.

C’était lors d’une rencontre qu’il a eue avec la presse, dans le cadre de la Semaine du citoyen qu’il a initiée et qui se déroule depuis mercredi.

Dans son discours, le nouveau maire a révélé que les premiers rapports de la gestion de l’équipe précédente qui lui sont parvenus relèvent beaucoup de manquements, une mauvaise gouvernance dans plusieurs secteurs. Il s’agit, selon lui, du foncier, de la gestion des ressources humaines au niveau de l’institution et du patrimoine.

‘’Il était important, avant de nous projeter vers l’avenir, de pouvoir faire une évaluation de ce qu’on a
trouvé sur place, de ce qui s’est passé ces dernières années. Et c’est à ce titre qu’on a jugé bon d’initier
un exercice d’audit avec un cabinet qui est venu faire le travail. Je dois dire que nous n’avons pas encor tous les résultats de cet audit, mais nous commençons à avoir des rapports sectoriels parmi lesquels un

rapport sur la gestion des ressources humaines, un autre sur la gestion fiscale mais également un rapport sur le foncier ». Et malheureusement, s’est désolé le leader de Pastef, « dans chacun de ces domaines, il se trouve qu’il y a des problèmes, une mauvaise gouvernance à mon avis’’, a commenté Ousmane Sonko.

Évoquant la question foncière qui est incontestablement celle qui, et de loin, intéresse le plus
ses administrés, le nouveau maire de Ziguinchor a souligné que l’audit à révélé des choses très graves.
Selon lui, des lotissements ont été effectués dans trois quartiers de la ville que sont Kandialang, Kenya et Djibokh, sans l’autorisation des services de l’Urbanisme.

Ce qui est, à son avis, un scandale sans précédent. Seul le lotissement de Diabir a reçu une autorisation de l’Etat mais, bien que le plan ait été validé par l’Autorité, il n’a pas été respecté. Ousmane Sonko s’est aussi offusqué d’attributions de parcelles qui n’auraient pas été faites dans les règles de l’art.

Ainsi, par mesure de prudence, il dit avoir suspendu tous les lotissements à Ziguinchor jusqu’à
nouvel ordre. Par mesure conservatoire, tous les lotissements suspendus jusqu’à nouvel ordre !
‘’Sur le plan foncier, nous avons décelé pas mal de manquements à la procédure, des lotissements ont
été initiés sans respecter la norme, sans être autorisés par l’autorité compétente quelques fois ou sans respecter les formalités d’approbation ou de visibilité par rapport aux conditions d’attribution des parcelles.

Autant d’éléments qui nous ont amené à prendre un certain nombre de mesures de sauvegarde. Nous avons également beaucoup travaillé sur un audit du patrimoine de la municipalité, immobilier et mobile notamment les véhicules et beaucoup d’autres aspects de ce genre.

Et ce que nous avons constaté
de manière générale c’est qu’il y a des problèmes dans tous les secteurs et nous avons décidé de prendre des mesures conservatoires d’abord d’où notre demande de suspendre tous ces lotissements et des mesures correctives ensuite et éventuellement voir ce qui est rattrapable par rapport à cette gestion’’, a expliqué le maire élu sous la bannière de la coalition Yewwi Askan Wi.

Après la constatation de tous ces manquements, que va-t-il se passer maintenant ? Interrogé sur ce point, Ousmane Sonko a réitéré ses déclarations de campagne, à savoir que son équipe n’est pas là pour faire la chasse aux sorcières.

‘’Écoutez, je l’ai dit, nous ne sommes pas là pour chasser des sorcières, nous ne sommes pas là pour persécuter qui que ce soit. Donc, notre première réaction, elle est d’abord administrative et consiste à prendre des mesures conservatoires et voir comment rectifier et éviter que cela se reproduise dans le futur.

Ensuite, sur le plan de la réparation, s’il y a des choses qui ont été faites et qui peuvent être rectifiées sans avoir besoin d’aller à un certain niveau, sans avoir par exemple besoin de saisir l’ijustice, nous essayerons de les rectifier en bonne intelligence avec ceux que nous avons remplacés ici Mais s’il y a des choses suffisamment graves pour ne pas dire extrêmement graves que nous nepouvons pas régler de cette façon, nous serons dans l’obligation de saisir la justice pour qu’elle apporte les réponses prévues dans ce cadre.

Je le dis simplement parce que nous avons beau vouloir être compréhensifs, nous avons beau vouloir proclamer que nous ne sommes pas là pour régler des comptes ou chasser des sorcières, nous avons beau vouloir effacer certaines choses, quand il s’agit de la chose publique, du bien commun, ce n’est pas de notre ressort.

Moi, je peux laisser passer ce qui me concerne, si ça me concerne personnellement, je peux laisser passer, je peux pardonner. Mais ce qui appartient à tous les Ziguinchorois, je ne peux pas, moi, me permettre d’absoudre, de laisser passer. Et si je le fais, je passerai pour un complice et demain quand ça va éclater, ils diront que je suis dedans, alors que je n’y étais pas, j’ai simplement voulu couvrir des
gens.

Donc, sur ces questions, nous ne ferons pas dans le sentiment’’, a martelé Ousmane Sonko.S’agissant des personnes qui occupent aujourd’hui des domaines publics dans la ville, le maire n’envisage pas leur déguerpissement systématique car, a-t-il indiqué, cette question sera examinée au cas par cas. « Vous savez qu’à un certain niveau, c’est des cas extrêmement sensibles.

Il y a la loi, mais aussi nous vivons en société, nous sommes Africains, donc on ne peut pas être dans une application rigide et aveugle de la loi. On appréciera au cas par cas selon les dégâts. Si des morcellements ont été faits de façon anormale quelque part et qu’aujourd’hui c’est 100 ou 200
foyers qui habitent là-bas, est-ce qu’on peut faire venir des bulldozers et raser tout ? Je ne le pense pas. Il va falloir réfléchir pour trouver des solutions.

Quand ce n’est pas encore occupé ou alors s’il n’y a que quelques occupations, on peut envisager des méthodes beaucoup plus fermes. Dans tous les cas, il faut traiter cette question avec beaucoup d’intelligence, de tact pour

que la solution finale soit la meilleure possible en tenant compte de toutes ces dimensions juridiques,
sociales, sociétales parce que c’est important’’, a avancé prudemment le leader du parti Pastef et premier magistrat de la ville.

Pour ce qui est des ressources humaines, l’édile de Ziguinchor dit que le nombre trouvé sur place est pléthorique et que certains de ces employés sont payés à ne rien faire.

Plus grave, il relève que certains ne sont même pas à Ziguinchor mais à Dakar mais sont payés par l’institution à la fin du mois. Aussi, compte-t-il se dé- partir d’un bon nombre d’entre eux.

« Sur le plan des ressources humaines, nous nous sommes retrouvés avec un personnel pléthorique assez important non recruté sur la base des profils à rechercher, de compétences, mais peut-être sur d’autres bases.

Ce qui grève substantiellement, malheureusement, la masse salariale qui occupe, au bas
mot, peut-être 30 à 40 % du budget de la commune de Ziguinchor’’, informe le successeur du maire Ab-
doulaye Baldé.

Enfin, Ousmane Sonko dit avoir également relevé de terribles manquements sur la fiscalité, autrement dit les choses ne se passent pas comme il se doit, beaucoup de gens ne paient pas l’impôt à Ziguinchor sinon la mairie allait se retrouver avec un budget qui tournerait autour de 10 milliards, a-t-il mentionné.

Rédacteur en Chef

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