Macky est en train d’écrire les pages les plus sombres de notre démocratie

Bougane Gueye Dani : La situation politique actuelle est un coup dur pour la démocratie sénégalaise

Bougane Gueye Dani : La situation politique actuelle est un coup dur pour la démocratie sénégalaise. Nous avons toujours été une étoile en matière de démocratie en Afrique. Le Sénégal a été toujours côté comme étant un bon élève en la matière. En débarquant en Afrique, beaucoup d’autorités de pays occidentaux choisissent le Sénégal parce qu’on est un modèle de démocratie exemplaire. Aujourd’hui, le Ghana, le Kenya, le Botswana et j’en passe nous ravissent la vedette. Ce qui est vient se passer, des manifestations réprimées dans le sang, le concert de casseroles, ternissent l’image du Sénégal et dégradent la signature de notre pays. Si des pays comme le Niger sont obligés de nous donner des leçons de démocratie, il y a de quoi revoir notre copie.

Il faut oser le dire que celui qui en charge de préserver cette image de la démocratie sénégalaise, c’est le président Macky Sall qui malheureusement est en train d’écrire des pages sombres de notre histoire politique. Comment pouvez-vous comprendre qu’on soit à un recul démocratique à telle enseigne qu’on interdise des manifestations sachant que le Sénégal est soumis à un régime déclaratif ? Si le gouvernement est obligé de mobiliser 6000 agents des forces de l’ordre pour interdire une manifestation, alors qu’il en faut moins de 100 pour pouvoir l’encadrer après une déclaration. Je crois que le seul et unique responsable de cette barbarie, de cette tuerie, de ces martyrs, c’est encore une fois le président Macky Sall.

Pourtant, il pouvait avoir de la hauteur et permettre à l’opposition d’organiser ses manifestations, ses contestations. Et je crois qu’aujourd’hui, si nous sommes arrivés à un concert de casseroles, c’est parce que tout simplement l’opposition veut se faire entendre. C’est le moment de rappeler à tout le monde que ce pays nous appartient, chacun doit faire de son mieux pour renforcer les institutions. Au premier chef, cette mission incombe au président de la République. Ce qui est clair également, c’est que personne n’a intérêt à ce que nos institutions soient atteintes. Opposants que nous sommes, nous sommes appelés demain à diriger cette charmante et belle République.

L’Etat, certes doit rester fort, mais cela ne sert à rien d’être dans une logique de bras de fer là où il est bien possible d’autoriser des manifestations et de permettre à des Sénégalais qui ont pignon sur rue, qui ont une adresse et qui ont envie d’exprimer une liberté garantie par notre Constitution.

La situation de chaos engendrant mort d’hommes n’est-il pas un très mauvais signal que le Sénégal envoie au monde… Au-delà de l’aspect politique et démocratique, venons-en d’abord à la question de l’environnement économique. Je suis un entrepreneur qui estime que pour que les investisseurs locaux fassent leur travail, il faut qu’il ait climat politique et social apaisé. Cela encore une fois incombe au président de la République. Si aujourd’hui il y a une tension politique au Sénégal, nos investisseurs locaux auront assez d’arguments pour ne pas investir.

Il en est de même pour les investisseurs étrangers. Le président de la République n’a aucun intérêt à placer le pays dans une situation délicate telle que nous la vivons actuellement. Les yeux et les caméras du monde sont braqués sur le Sénégal qui a toujours été un pays modèle en matière de démocratie. Ce qui me désole dans la stratégie de Macky Sall, c’est cette tyrannie de la peur. Cette stratégie pour apeurer les Sénégalais. On nous parle d’infiltration, de tentative de sabotage, de rébellion, d’actes de sabotage etc… Des choses et autres éléments de langage qui consistent à apeurer les populations. Pour le peu qu’on sait, les tyrans utilisaient souvent ces pratiques.

Pour vous Macky Sall est un tyran… Mais à la limite, c’est un despote éclairé. L’autre jour, je disais à quelqu’un que l’Armée est en train d’être équipée avec du matériel de maintien de l’ordre. Je lui disais 62 ans après notre indépendance, c’est la première fois que notre Armée soit équipée pour aller maintenir l’ordre public, cela veut dire que nous avons un problème. Jamais, l’Armée n’a été appelée en renfort dans des situations électorales ou pré-électorales.

C’est vraiment je ne m’en rappelle pas peut être j’étais encore très jeune. 62 ans après notre accession à la souveraineté internationale, c’est la première que l’intendance des Armées soit dotée du matériel de répression ou de maintien de l’ordre. C’est une indication extrêmement dangereuse. Je voudrais attirer l’attention de tous les acteurs. Attention au chaos ! Quand vous dites « tous les acteurs », vous faites aussi référence à l’opposition ou à la mouvance présidentielle ?

J’ai bien dit tous les acteurs. Si on est dans une logique de combat et en un moment on se retrouve face à un concert de casseroles pour se faire entendre, cela veut dire tout simplement qu’on devrait se tourner autour de l’écoute. Mais cette écoute attentive doit provenir du président de la République. Quand je dis attention aux acteurs et au chaos. Si notre Armée est dotée de matériels pour faire des missions de maintien de l’ordre, 62 ans après notre indépendance, cela pousse à réfléchir. Personne n’a intérêt à ce que les choses s’enveniment.

Il faut beaucoup plus de recul et d’analyse par rapport à cette situation. Mais je dis et répète que le seul et unique responsable, celui qui peut décanter la situation tout de suite, c’est le chef de l’Etat, le président Macky Sall. Et c’est le lieu de l’interpeller pour lui dire que le Sénégal mérite beaucoup plus que ça. Le président Macky Sall ne doit pas faire moins que ces prédécesseurs en matière de préservation de nos acquis démocratiques.

Les institutions judiciaires notamment la Cour Suprême, le Conseil Constitutionnel sont pointées du doigt sur leurs rôles dans cette crise. Elles ont sanctionné votre coalition Geum sa Bopp. Elles ont été accusées d’être partisanes. Ces accusations sont-elles fondées ? A travers ces décisions rendues par des institutions judiciaires, tous les acteurs et Sénégalais sont interpellés. Il nous faut aller vers une refonte de l’Etat au Sénégal. Nous avons une administration couchée, partisane, à la solde des tenants du pouvoir.

L’Etat, c’est nous tous, mais ceux qui incarnent le pouvoir aujourd’hui, c’est Macky Sall et sa coalition. Il est important que l’Administration comprenne qu’elle soit équidistante de tous les états-majors politiques.

C’est exactement le contraire de ce qui est en train de se passer, les dysfonctionnements notés sur les listes des coalitions de l’opposition qui les ont découverts, c’est l’administration. Et pourtant BBY dans ses listes avait les mêmes impairs. Mais on a laissé passer. C’est le mandataire de Yewwi qui a découvert les incongruités dans les listes de BBY. Cela veut dire que l’Administration a passé les impairs de BBY sous pertes et profits. C’est extrêmement dangereux. L’administration doit jouer le rôle de soupape pour garantir la stabilité dans notre pays

Je suis pour une refonte totale de l’administration sénégalaise. Depuis une trentaine d’années,nous avons des autorités administratives politiciennes. La preuve, dans plusieurs corps de l’Etat, il faut faire la politique pour gravir les échelons. Ce n’est plus le mérite qui paie, non c’est l’accointance, c’est la couleur de la casquette que tu arbores qui te permet de gravir les échelons. Regardez ce qui s’est passé au niveau du Conseil constitutionnel et de la Cour suprême.

Tout le monde sait que les juridictions régionales et internationales ont un poids supra sur l’Etat du Sénégal. J’ai été stupéfait le 23 juin dernier avec la Cour suprême quand le président de la Chambre administrative faisait sa délibération, il n’osait même pas citer l’arrêté de la Cour de justice de la Cedeao sur l’élimination du parrainage parce que tout simplement il sait de manière incontestable qu’il ne peut pas dire aux Sénégalais que la Cour de justice de la Cedeao ne peut pas donner des injonctions à l’Etat du Sénégal. Si l’Etat du Sénégal a ratifié des conventions, il se doit de les respecter. Malheureusement on a une justice aujourd’hui au service du président de la République parce que tout simplement c’est le chef de l’Etat qui dirige le Conseil supérieur de la Magistrature.

Justement pourquoi continuez-vous de dénoncer la mise à l’écart de Geum Sa Bopp qui n’aurait pas respecté les critères de la loi du parrainage… C’est parce que Macky Sall a plusieurs cordes à son arc. Geum sa Bopp, c’est le parrainage, une autre coalition, c’est la parité, une autre c’est peut-être les erreurs de confection des listes ou des histoires de caution. Alors qu’en réalité, une élection, l’administration et les institutions judiciaires doivent être dans une logique d’encadrement et non dans un postulat d’élimination des candidats qui postulent. Je disais tout de suite que Macky Sall est un tyran et un despote qui fait tout en s’adossant sur un levier juridique.

Temoin : …

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